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CHRONIQUES TANGEROISES
CRONICAS TANGERINAS
SOBRIQUETS
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Des surnoms, sobriquets, alias, nous en avions à Tanger
de toutes sortes, des permanents, se transmettant quasiment de père en
fils et d’autres, plus éphémères, juste pour une occasion et qui ne
duraient que ce que durent les roses … (Ronsard, Lagarde et Michard,
Programme de Seconde). Je commencerai par quelqu’un appartenant à une autre
génération que la mienne. Beaucoup de Tangérois, disons d’un certain
âge, portaient souvent un chapeau, la plupart du temps en feutre, de la
marque «Fléchet» je crois me souvenir et je ne me tromperais guère si
je vous disais que le couvre-chef en question provenait bien souvent du
Grand Paris (aux Siaghines d’abord pour «monter» plus tard au Bvard
Pasteur ). Dans un tout autre domaine, il y avait «Profumo»,
du nom de ce député anglais impliqué dans une affaire de mœurs avec une
certaine Christine Keller. Et puis dans une catégorie, disons plus volatile, outre
les bombones de gaz de couleur orange, nous avions nous aussi notre «Butagaz»;
il s’agissait bien sûr d’un individu particulièrement prolixe dans la
quantité et la qualité des «vents» qu’il lâchait; ces émanations de gaz
(CH4, méthane, je ne saurais être plus pédant …) se produisaient en
outre dans une gamme on ne peut plus variée allant de l’aigu au sonore
en passant par «l’amorti» qui correspondrait, musicalement parlant à la
sourdine. Sans trop m’éloigner du sujet, hautement arômatique j’en
conviens, comment oublier ce cher «Manchego», dont
les émanations provenaient non plus des intestins, mais des extrémités
inférieures d’où se dégageait une odeur de fromage à vous couper le
souffle. C’était surtout dans les vestiaires de la salle de gymnastique
que le côté nauséabond de «Manchego» atteignait toute sa splendeur, il
lui suffisait de se déchausser pour faire le vide autour de lui… Et que dire d’un autre camarade de classe surnommé «Bouarrakia»
parce qu’il passait une grande partie de son temps à la Rue Bouarrakia
à fouiner dans les fardaux de fringues pour s’équiper en chemises
provenant des surplus américains, les roses étaient à l’époque les plus
prisées, et d’un autre qu’on appelait «El Morao»
parce qu’il était lui, la plupart du temps, amoureux, «enamorao» quoi,
vous m’aviez compris. Et puis, je reste en Espagnol, encore que ce mot
ne figure à ma connaissance dans aucun dictionnaire «autorisé» de la
langue de Cervantes; ce voisin du Lycée Regnault répondait, si j’ose
dire, au surnom de «Pitracos» du nom des nerfs et
des tissus fibreux que l’on trouve dans un steak, justement là où la
viande fait défaut. Il est vrai que dans sa famille on tannait les
peaux … Dans mon groupe de proches, il y avait entre autres «Fusible»
parce que c’était toujours lui qui était chargé de réparer
l’électricité, radios, fer à repasser, soudure, etc… aucun cable ne lui
résistait encore qu’un jour il faillit mettre le feu à la baraque …. Et
puis bien sûr, je ne saurais oublier ce cher «Persiana,
porque se se enrollaba más que una …» et je puis vous dire qu’il
continue à «enrollarse» comme dans le bon vieux temps et qu’il est tout
aussi Persiana qu’avant et j’en suis le témoin privilégié puisqu’il a a
été mon seul et unique «lien» avec Tanger au cours de ces vingt cinq
dernières années. Je suis sûr que bon nombre
d’entre vous, je parle surtout de ceux de ma génération, identifieront
sans mal les titulaires de ces surnoms. |
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